Désolé, avoir le baccalauréat n’est pas un objectif !

Article : Désolé, avoir le baccalauréat n’est pas un objectif !
Crédit: Eugene Liashchevsky / Pexels
2021-12-24

Désolé, avoir le baccalauréat n’est pas un objectif !

Si obtenir son baccalauréat doit rimer avec le désespoir pour certains Togolais, il ne sert à rien de perdre treize années de sa vie dans un système éducatif. Est-ce que la majorité des élèves qui obtiennent le bac disposent des compétences et attitudes attendues en fin du deuxième cycle de secondaire ? Réussir à son bac, d’accord ! Et après ? La vie s’arrête.

A un moment, il faut tranquilliser l’esprit, ensuite se poser des questions pertinentes pour avoir des réponses concrètes. L’humain du XXIe siècle est occupé jusqu’aux dents. Certains enfants débutent le préscolaire dès l’âge de trois ans (je parle du contexte togolais). Que vous soyez d’accord ou pas, l’éducation est un énorme investissement. Ce garçon ou cette fille de trois années, scolarisé(e), passera au moins quinze années de sa vie en vue de décrocher le baccalauréat. Entre temps, en fin du premier cycle de secondaire, il aura l’embarras du choix entre une série scientifique et une série littéraire.

Les causes sont les suivantes : les parents ou tuteurs ne s’impliquent pas assez dans l’apprentissage de leur enfant. Ils projettent sur leur enfant leurs choix brisés dans le passé. Les enseignants pensent que faire une série scientifique garantit une porte de réussite dans la vie. Et s’ensuivent les histoires du suivisme qui se traduisent par mon camarade a choisi cette série, eh bien pourquoi pas moi ? Mon oncle/ ma tante a dit que c’est la série des génies. C’est la première phase d’une grande histoire d’abrutissement.

Avec toute l’euphorie de l’obtention du Brevet d’Études du Premier Cycle (BEPC), on finit par choisir une série. La série scientifique pour les plus « brillants » et la série littéraire pour les moins « doués ». Pourtant, c’est la fin qui justifie les moyens. C’est donc le début de la seconde phase de la grande histoire d’abrutissement. Chacun va de ses envies et de ses folies.

Comment expliquez-vous que l’échec scolaire sous nos cieux soit une fatalité ? (C’est un autre débat). Le deuxième cycle du secondaire est le plus déterminant. _Tu veux arrêter les études parce que tu as échoué au probatoire (c’est l’examen que les Togolais redoutent le plus dans leur vie, allez comprendre pourquoi ) ?

_Non, ce n’est pas le moment d’abandonner. Moi, j’ai passé le probatoire trois fois avant de l’obtenir. L’année prochaine, tu l’obtiendras, courage ! Ce sont là des propos typiquement togolais à l’encontre d’un(e) ajourné(e) à un examen.

Le standard est d’avoir le bac. Le reste n’est plus important. Obtenir le baccalauréat serait un objectif du moment où chaque apprenant prendra conscience que l’avoir n’est pas une fin en soi. Si avoir son bac est vide de sens, à quoi cela sert ? Vous pouvez dire que je vous raconte ma vie. Cependant, la majorité des bacheliers se perdent une fois le bac dans la poche. Ils vont parfois à l’Université parce que c’est la moindre des choses à faire. Ils choisissent des facultés compte tenu des circonstances.

Qu’est-ce que je propose à la fin ? Arrêtons de nous embrouiller l’esprit pour rien. Chacun doit jouer sa partition. Arrêtons de donner de faux espoirs. Donnons des informations concrètes. Si nous devons aller à l’école pour y aller, ne la fréquentons pas. Restons à la maison puis dormons tranquillement. Il ne s’agit pas d’avoir le bac à la fin. Il est question d’acquérir des compétences et des attitudes dignes de la qualification de ce diplôme.

Un étudiant ou une étudiante qui a débuté sa première année des études universitaires en novembre 2021 au Togo est-il/ elle en capacité de s’exprimer correctement à l’oral comme à l’écrit en français ? Cet étudiant est-il capable d’assumer une responsabilité aussi petite qu’elle soit dans une entreprise ? La réponse est soit oui ou soit non. Un système éducatif malade ne peut que produire des citoyens qui manquent de vision.

Nadia

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