Le mariage n’est pas une chaîne

Je viens de finir l’un des livres classiques écrit par une Africaine. Il s’agit du roman « Une si longue lettre » de Mariama Bâ. Au-delà des réalités africaines dans lesquelles ce classique m’a fait plonger, j’ai retenu une chose : tout est question de choix.

Redécouvrir un classique

Ce roman fait partie de ceux que je devrais lire au cycle secondaire. Mais je ne l’avais pas lu (j’étais occupée à comprendre les formules de Pythagore et la saponification). Honnêtement je n’ai pas beaucoup lu au cycle 2 du secondaire (Lycée). Par contre au collège, je lisais assez, et j’avais même une camarade d’école qui n’hésitait pas à me prêter sa collection du « Club des cinq ». C’est un livre de jeunesse très intéressant.

Autant vous dire que j’ai savouré « Une si longue lettre ». Je pense l’avoir lu au bon moment de ma vie. « Le mariage n’est pas une chaîne. C’est une adhésion à un programme de vie ». Ces deux phrases de Mariama Bâ m’ont travaillé la cervelle.

J’ai admiré Aïssatou, la destinataire de la lettre. J’ai eu un grand respect pour Ramatoulaye, l’expéditrice de la lettre. « Une si longue lettre » est vraiment une très longue lettre. Elle aborde la polygamie, le mariage et le divorce, la délinquance juvénile, le système éducatif, la foi, les émotions, la pauvreté et la richesse, le deuil, la famille et la belle famille, la classe sociale, le célibat et la grossesse précoce. C’est un chef-d’œuvre qui a tout son sens dans la génération 2.0.

La société prépare généralement les filles à devenir des femmes pour s’occuper de quelqu’un. Elle ne l’éduque jamais ou pas assez aux réalités du mariage. Quant aux garçons à devenir des hommes autoritaires.

Avoir un programme de vie

Le mariage nous est présenté plus comme une chaîne qu’autre chose. Pour l’auteure, le mariage est une adhésion à un programme de vie. Je partage cet avis. Le mariage n’est vraiment pas à prendre à légère.

Le mariage n’est pas une chaîne. C’est une adhésion à un programme de vie.

Une si longue lettre – Mariama Bâ

Sincèrement, nous apprend-t-on à avoir un programme de vie ? Généralement, on nous scolarise, on nous dit de trouver un boulot peu importe s’il nous convienne ou non. Et vient ensuite l’âge (25 ans pour les femmes et 30 ans pour les hommes) où brusquement notre vie privée intéresse les autres.

L’interrogatoire comprend généralement deux questions, introduites par une remarque imprudente : « Oooh tu prends de l’âge 🙄 ! »

• Première question : tu attends quoi pour faire un enfant ?
• Deuxième question : tu ne vas pas te marier ?

Souvent on pense que les hommes ne subissent pas de la pression venant de la société. Ce n’est qu’une impression. Quant aux femmes, c’est assez récurrent cette pression qu’elle reçoive pour le mariage ou la maternité (parentalité) de la part de la société.

La course contre la montre

Vient enfin la course contre la montre. Se marier à tout prix. Ne pas chercher à connaître son/sa partenaire. Être scotcher dans son foyer quand l’autre nous manque de respect ou quand ça va de mal en pire malgré qu’on ait tout donné.

Sous nos cieux, le mariage a perdu tout son sens. On se marie toujours comme à l’âge de la pierre taillée or nous sommes à l’ère de l’atteinte des ODD où tout est 2.0.

Je m’explique. On ne peut plus entrer dans un foyer pour les beaux yeux (faire plaire aux autres) des gens comme au temps de mon arrière grand-mère. On ne peut pas entrer dans un mariage sans avoir compris clairement la notion de la responsabilité. On ne peux plus entrer dans un foyer pour fuir la pauvreté. Le foyer n’est une maison d’accueil.

Le mariage n’est pas une finalité. C’est une question de choix. Notre partenaire de vie nous booste ou nous ralentissons considérablement dans l’atteinte de nos objectifs.

Nadia A.