Le système éducatif togolais joue-t-il au sourd face à l’inadéquation éducation-emploi ?

Article : Le système éducatif togolais joue-t-il au sourd face à l’inadéquation éducation-emploi  ?
Crédit: @ Ron Lach
2022-01-22

Le système éducatif togolais joue-t-il au sourd face à l’inadéquation éducation-emploi ?

Je suis de ceux qui pensent que le néologisme nous crée plus de problèmes sous nos cieux qu’il n’en résout. S’il y a un mot qu’on doit réinventer redéfinir à Lomé, c’est bien l’entreprenariat. Etre dans un système éducatif qui devient le temple par excellence de l’inadéquation éducation-emploi, nous sommes dos au mur.

Certains ont sans doute vu la vidéo. C’est une vidéo comique dans laquelle l’humoriste béninois Afountountoun répondait d’une manière très ironique à des questions aussi simples comme « Quelle est la capitale du Togo ? » A cette question, ce jeune humoriste a répondu : « Diplômés sans emploi… » J’ai certes ri en visualisant la vidéo. J’ai aussi pris un temps de réflexion. Qu’est-ce qui ne qui ne marche pas dans le pays, au point qu’il devienne la capitale du chômage dans des esprits. Le problème ne se situe pas au niveau des diplômes. Est-ce les diplômes qui travaillent dans une entreprise ? Bien évidemment que non. Je n’en disconviens pas que la formation soit un enjeu dans la recherche de l’emploi.

L’humoriste béninois Afountountoun dans sa vidéo Elève Dagbé

Prenons le cas d’une organisation qui recherche un expert en SERA (Suivi Evaluation Redevabilité Apprentissage). Pensez-vous qu’un (e) licencié (e) en histoire ou en anthropologie soit compétitif à un tel poste ?

Prenons un second cas. Soit une entreprise qui recherche un (e) Assistant (e) de direction bilingue. De vous à moi, un (e) diplômé (e) en Lettres modernes ou en Allemand aurait des atouts nécessaires pour postuler à une telle offre ?

Que faire face à un diplôme qui ne sert pas à grand chose ? / @Ron Lach

Vous comprenez naturellement que les diplômes doivent être obtenus. Cependant, lorsque le diplôme devient inutile, et qu’on a perdu ses investissements en temps et en argent ; là il y a de quoi remuer le pot. Il n’y a rien de mal à obtenir son master en philosophie par exemple. Mais à quoi bon avoir un diplôme qui ne nous servira pas à grand-chose ?

Pendant qu’on y est. A quoi nous servent les diplômés de philosophie dans la société togolaise ? Ils deviennent des enseignants n’est-ce pas ? Je suis contre cette pratique qui tend à normaliser l’absurdité. Quand on se réveille un matin, et qu’on ne fait que vomir du sang, on consulte. On se soigne et on guérit. Mais quand on fait le contraire, on rejoint très tôt et très vite les ancêtres ; puisse la vie se poursuivre.

Un système éducatif qui manque de politiques éducatives appropriées est à soigner. C’est incroyable de fréquenter pour être inutile à la fin dans sa communauté. La société togolaise a-t-elle vraiment besoin des philosophes ou encore historiens ? Il se pourrait que oui. A quelle fin ?! Quel serait leur rôle très exactement dans notre société ? Ne me dites surtout pas qu’ils vont nous prêcher la philosophie de Diogène.

Jeune diplômé de dos, avec sa toque
Plus de 5000 étudiants entrent dans la faculté des sciences de l’homme chaque année scolaire

Si je reproche une chose à notre système éducatif c’est bien le manque de pratique en son sein. Tout est théorique. On ne peut pas enseigner de la théorie pure en tout temps comme ça dans un système éducatif. Ce n’est pas possible.

Un pays investit dans son secteur éducatif pour se développer. Tout pays qui a foi en son développement socio-économique investit considérablement dans l’éducation. Cette dernière doit être à même de répondre aux besoins des étudiants et de la société. Comment peut-on faire les mêmes choses et vouloir obtenir des résultats incroyablement différents ?

On ne peut pas offrir les mêmes formations qui sont incompatibles (Histoire, Géographie, Sociologie, Philosophie, Banque-Finance) au marché de l’emploi, et s’attendre à la résolution adéquate d’un phénomène de société tel que le chômage. C’est inconcevable. Tant qu’on ne s’en rendra pas compte que le secteur éducatif devrait être capable de répondre aux besoins de la société, le Togo continuerait d’être la capitale du chômage.

On comprend ce que disent les rapports : de 6,5% en 2011, le nombre de demandeurs est passé à 3,6% en 2020. On comprend aussi très bien que l’objectif du gouvernement serait de créer 500.000 emplois dans les prochaines années.

Hommes en jaune sur un taxi moto
L’industrie de taxi moto semble être visiblement la première option dans le combat du chômage

 En attendant, il faudrait sérieusement penser à résoudre le problème de l’inadéquation compétences-emploi au sein de la société togolaise.

Nadia

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