L’Entre-Deux : le regard de la plasticienne Manouchka Shams sur la parentalité

Nous vivons dans une époque où la maternité ou encore la parentalité est perçue presque comme une fin en soi dans nos sociétés. Bon nombre sont ces couples qui sont confrontés à l’infertilité au quotidien, à chaque heure. A travers sa peinture, la plasticienne Manouchka Shams fait susciter des débats constructifs autour du désir de la parentalité. Elle a baptisé son exposition « L’Entre-Deux ». Si vous êtes à Lomé, c’est une très belle occasion d’aller à cette exposition, qui court jusqu’au 21 novembre 2021 à l’Hôtel Onomo.

La femme est porteuse de vie. C’est vers elle que sont tournés tous les regards au cours du cheminement vers la  parentalité. Ce chemin de la parentalité est parsemé bien souvent de l’espoir et de la résilience. Qui mieux que la femme pour peindre le désir ardent de la parentalité ?

Manouchka Shams a choisi, pour sa toute première expo, de peindre la résilience dont font preuve certaines femmes au cours du processus vers la maternité. La vie est une succession de hauts et de bas. Cependant, l’entre-deux de la maternité peut faire oublier aux femmes, les hauts de la vie.

Manouchka Shams n’est pas seule dans sa tête. Très souriante, elle se définit justement comme une rêveuse et une curieuse ayant un esprit qui aime bien se balader et découvrir les gens. D’origine togolaise, elle peint depuis décembre 2020.

La parentalité est un sujet tabou sous nos cieux. Nous n’osons pas en parler ouvertement. Pourtant, la naissance d’un nouveau-né demeure une immense joie, une gigantesque célébration. Nous faisons fi de cette marche de la parentalité qui peut être à la fois troublante et douloureuse.

Chaque tableau de Manouchka Shams est révélateur. Parfois, l’enfant ne vient pas, peut-être parce que la femme fait face à une maladie. Personnellement, le tableau « Disease » (maladie), peint avec la technique mixte sur toile, a nourri bien des émotions dans tout mon être.

La peinture « Disease » de Manouchka Shams est une sorte de sensibilisation. L’artiste nous l’a expliqué au cours de notre visite à l’exposition. Le tableau « Disease » lui permet de sensibiliser les jeunes filles, notamment sur l’endométriose. C’est une maladie qui peut-être asymptomatique. Néanmoins, le symptôme le plus courant de l’endométriose (retrouvé chez 50 à 91 % des femmes selon les études) est la douleur pouvant s’exprimer par des règles douloureuses. L’endométriose est souvent diagnostiquée lors d’un bilan d’infertilité. Elle est alors associée dans certains cas à l’infertilité.

D’autres tableaux comme « Arbre de vie », « Vida », « Family » m’ont également marquée. « Vida » est une peinture qui dévoile la beauté de l’utérus. L’utérus est un organe sacré de toute femme. C’est un organe dont nous devons prendre soin. Au cours du parcours vers la parentalité, l’utérus se voit pris en otage par des médicaments et des décoctions, par ci et par là.

C’est une très remarquable exposition qui ne saurait rendre personne indifférent. C’est environ une trentaine de tableaux peints par Manouchka Shams qui délie la parole sur le désir de la parentalité à travers un voyage de formes et de couleurs à vivre.

Nadia